Le 29 février 2008, Charleroi a été choisie comme la ville la plus laide du monde par des lecteurs du journal hollandais Volkskrant et Liège obtint la troisième place dans ce classement flatteur où se retrouvent presque seulement des villes de la première révolution industrielle (mais pas aux premières places comme Charleroi et Liège!).
La ville la plus laide du monde…
L’intrigue du roman d’Isabelle Garna Dérive se déroule donc dans la ville la plus laide du monde d’après les lecteurs du Volkskrant. L’auteure semble donner raison au journal hollandais. Parlant de la ville de Blaise et de sa femme Murielle, les deux personnages principaux du roman, l’auteure écrit : « Elle est vraiment répugnante , leur banlieue. Ils habitent une région morose bordée de maisons encrassées de lignite. Même les églises sont désolantes. Comme si les bâtisseurs cathos avaient jugé inutile de laisser des traces d’art ici, au bout du monde. Les édifices administratifs en total désaccord avec l’environnement détonnent, démesurés, mégalomanes. Pour mieux écraser les pauvres, leur montrer qu’ils n’ont aucune chance de s’en sortir, pour les enfermer dans un ghetto où la noirceur des façades a remplacé les barbelés.» (p.35). Et le Grand Charleroi c’est la ville d’une des maisons de Dutroux. Au hasard d’une équipée malheureuse de Blaise l’anti-héros de ce roman, qui le met déjà dans le même sillon que celui du célèbre criminel carolo (qui compte aussi une héroïne, sa femme), tout est décrit (et exagérément souligné ?) : « Blaise traverse des villages sinistres, pétrifiés dans la brume. Les façades moussues suintent entre les briques et se désagrègent en poussière olivâtre. Sur le bord de la route, des décharges improvisées signalent les ghettos tout proches où s’entassent les radiés de l’Aide sociale. Blaise ralentit à l’entrée de la ville. Cette ville pourrie, défigurée par une brutale pénurie industrielle continue d’exister dans ses souvenirs de suie. Il cherche une cabine téléphonique qui n’a pas encore été vandalisée… » (p.127). Le voyage se poursuit dans « la plus laide ville du monde » : « Blaise lâche son mégot dans une flaque d’eau et marche en direction de la gare. Il traverse une ruelle d’anciens corons aux murs huileux et tagués. Les portes et les fenêtres sont obstruées par des planches et des affiches électorales. Des oiseaux piaillent sur les fils électriques et un marteau de carrossier résonne dans une arrière-cour toute proche. Blaise longe une maison tapissée de photos de deux petites filles martyres et de fleurs séchées. Des inscriptions colériques rappellent la haine puis l’indifférence. Blaise a mal dans un coin de son âme. Ses pensées sont en désordre. Elles défilent sans aucune cohérence, comme des diapositives mélangées dans le chariot. Partir loin avec sa famille, loin des décombres de ces cockeries en ruine, loin de ces visages de bronze qui s’esquivent derrière le tulle gris de leurs vitres encrassées, regrettant ces années d’abondance noire, loin de ces collines artificielles rouges et vertes, vomi stratifié de sol carbonifère. » (p.135)
… en sa beauté
En fait la beauté ne s’oppose pas à la laideur si, par « beauté », dans l’art, on désigne le sublime, le sens, ce qui, par sa laideur même, sa disproportion, permet d’éprouver la vérité des choses et de les dépasser. Contrairement à ce qui est si souvent dit, le cinéma wallon, de Misère au Borinage, aux films des Dardenne en passant par Déjà s’envole la fleur maigre, n’est pas misérabiliste. Il est beau. Il touche à l’universel à travers le concret d’une Terre exploitée comme peu d’autres en Europe et même au monde en gardent le souvenir, les traces. La seule laideur morale à laquelle renvoie la Wallonie est celle de ses prédateurs. Comme ici.
Le roman d’Isabelle Garna dépasse à ce point le sordide (qui surgit pourtant à chaque page), qu’il est impossible de ne pas le lire d’une seule traite. Quitte à se ménager de brefs moments de repos parce que ce récit angoissant vous coupe souvent le souffle.
Deux désespoirs
C’est l’histoire de deux désespoirs parallèles. Mireille, la femme de Blaise, caissière dans un magasin « Champion », est une belle femme mûre, énergique, soucieuse de son apparence, non pas seulement pour séduire physiquement (cela aussi), mais moralement. Oserait-on même ajouter, spirituellement ? Il y a ce cri de la page 120 à propos d’une autre femme : « C’est beau une femme. » Et cela permet de mieux resituer les descriptions quasi pornographiques – quasi scatologiques aussi (mais les auteurs de ces genres seront déçus), – autour des lits, des vécés , de ce qui s’y fait et des conséquences qui en résultent : « Quand je me suis réveillée, j’avais mal au fond de ma chaussure. Mon bas s’était troué et étranglait mon gros orteil. Ça sentait la soupe oubliée et j’ai rangé la casserole dans le frigo avant qu’elle ne surisse. Comme Marthe. Je suis montée sur la pointe des pieds pour vérifier mes enfants. Ils dormaient. Du sperme froid coulait dans ma culotte. Je suis descendue sans faire de bruit pour ne pas réveiller mes petits mais dans la cuisine, j’ai fait du bruit exprès pour réveiller Bernard. Pendant qu’il laçait ses bottines et aplatissait ses cheveux hirsutes, j’ai ouvert la fenêtre au vent glacial de la nuit pour qu’il ait froid et se dépêche. Je l’ai précédé jusqu’à la porte, je l’ai embrassé dans le cou et j’ai attendu qu’il soit rentré chez lui avant de fermer ma maison à double tour et allumer le poste. » (p.175) Bernard est un beau et jeune étudiant en médecine, voisin de Mireille et Blaise, qui a conduit parfois leurs enfants à l’école quand il était adolescent. Et puis avec lequel Mireille trompe Blaise. Sans vraiment le tromper puisque Blaise et Mireille ne s’étreignent plus dans un lit qui n’est plus qu’officiellement le lit conjugal. Ce qu’il y a de désespérant dans l’histoire de Mireille, c’est qu’elle n’est que l’initiatrice de Bernard et que celui-ci ne lui dit jamais qu’il l’aime, ce qu’elle souhaiterait pourtant s’entendre dire. Tout en sachant que cela ne viendra jamais.
Une affaire Dutroux bis tout à la fois très symbolique et fort réelle
Mais cette première histoire qui va dans le mur s’accompagne d’une autre histoire qui va dans le mur aussi, plus gravement encore. Au moment où Blaise signe enfin avec Madame Pétroni, le contrat à durée indéterminée qui allait donner de l’avenir à sa famille et à sa dignité, cette dame s’absente un instant de la pièce où est signé le contrat. Blaise, angoissé, ne la voit pas revenir. Il s’avise qu’il pourrait ne pas avoir cet emploi dont il rêve d’annoncer fièrement l’obtention à Mireille. En faible qu’il semble être, il s’estime méprisé par cette absence. Se demande ce que des « forts » feraient en cette circonstance. Il vacille. Il se dirige vers la pièce où semble s’être rendue madame Petroni. Il la découvre morte, ensanglantée (il s’avèrera qu’elle n’est pas morte, mais elle ne sortira pas du coma avant la fin du roman). En cette saison creuse, il n’y a personne dans ce bâtiment pourtant public. Blaise perd la tête. Cherche à fuir. Découvre le petit-fils de Madame Petroni et lit dans les yeux de l’enfant une telle peur qu’il pense que celui-ci l’accusera de la mort de sa grand-mère. Alors il le poursuit. Il l’enlève, soudain angoissé de ce qu’il pourrait être le témoin gênant d’une mort dont, dans son désarroi, il pense qu’elle sera perçue comme un meurtre dont lui-même sera le suspect idéal. Puis de dérives en dérives, il va trimballer l’enfant dans le coffre de sa voiture, le séquestrer (en un des lieux infâmes dont Isabelle Garna a donné la description plus haut), devenir une sorte de Dutroux-bis terrorisé à l’idée de ce que sa conduite pourrait signifier pour sa femme et ses enfants. J’ai lu ici ou là qu’il y avait quelque invraisemblance dans cette histoire. Je ne le pense pas. Affaibli par la vie (et Charleroi), Blaise s’effondre en quelque sorte logiquement après avoir été à deux doigts de retrouver un emploi. Et même plus qu’à deux doigts, mais sa perception c’est qu’il lui est passé sous le nez, à la suite de quoi, il perd pied. Il s’enfonce dans l’alcool après avoir enfermé l’enfant dans la cabane d’un chantier momentanément déserté. Va boire dans un café éloigné. Y passe la nuit, se réveille sans plus savoir ni où est sa voiture ni la conduire.
Un chien et un chaton
Un chien rampe vers ses caresses, note la narratrice : « Blaise est troublé de lui donner tant de bonheur. » Mais elle coupe aussitôt : « S’il avait été seul, avec, un fusil, il l’aurait tué. » (p.200) Puis Blaise confie à l’amant de sa femme (il ignore qu’il l’est), qu’il a fait une grosse bêtise mais ne parvient pas à l’avouer vraiment. En retournant le deuxième soir à la cabane de séquestration, un souvenir lui revient : « Un jour, son fils avait trouvé un chaton. Il avait décidé de l’adopter. Sa mère était d’accord. Ils n’avaient pas encore le chien. L’animal était tombé dans la baignoire encore pleine. Blaise était sur le cabinet. Il déteste les chats. Il le regardait se débattre dans la mousse, sans réagir. Il avait tiré la chasse et il était sorti. C’est Mireille qui avait découvert le petit cadavre dans le bain. Elle avait dit aux enfants qu’il était parti et l’avait jeté dans la poubelle de la cuisine sous l’évier.» (p.255)
Ce récit vous coupe le souffle.
Le roman d’une femme qui a le feu au ventre
Il n’est pas fréquent de lire un roman dont la narratrice (et par conséquent l’auteure), est une femme qui s’assume jusque dans l’épaisseur de sa vision, « matérialiste » si l’on veut , qui colle à nos compagnes, du fait du rôle qui leur est imparti de plonger les mains dans le cambouis de nos intimités (lessives, vaisselles, soin des petits, ménage). Une femme qui ne se cache rien et ne nous cache rien de l’apparent sordide de toute vie (que la sordidité de la ville « la plus laide du monde » accentue encore). Une femme qui a le feu au ventre, qu’il s’agisse de ses amours, de ses camarades de travail, de ses enfants, de ses voisins – même de son mari -, de la sigmatisation sociale qu’elle observe depuis son poste de caissière de grand magasin : « Je déteste les gens qui font leurs courses dans les grands magasins, avec des gosses intenables qui touchent à tout, des bébés qui pleurent, des sacs qui s’éventrent, des surgelés qui suintent. Mais le pire, l’insoutenable, ce sont les égarés, ceux qui ne mettent jamais un pied dans un supermarché mais qui sont venus parce qu’ils ont besoin d’un truc d’urgence. Des hommes, habillés comme des princes, dans des matières nobles qui bougent à la vitesse d’un ralenti, des matières qu’on ne trouve pas dans la grande distribution. Des hommes à qui sourire est dangereux car c’est provoquer leur arrogance et recevoir, du bout de leurs yeux hautains, tout le dégoût que leur inspire mon métier de caissière. Le regard qui confirme que je ne suis pas du même monde, qu’il ne faut pas que j’espère créer un contact. Il n’y a aucun espoir d’échange possible entre moi et ces gens-là. J’ai appris à être distante, détachée, comme un animal dans un zoo qui a décidé d’ignorer l’existence des visiteurs. Même si par réflexe, j’arrange une mèche de cheveux ou mon tablier, je ne suis qu’un accessoire du magasin. Ils ne se dérident devant une vendeuse que si elle est jeune et jolie. Mais ce n’est pas le pire. Le pire, ce sont les gosses de ces égarés des grandes surfaces. Des petits yeux qui déjà recèlent tout le mépris pour les gens qui travaillent en tablier ou en uniforme. Des enfants que je déteste comme des adultes. » (pp.147-148).
Métaphysique de Charleroi
Ces notations en quelque sorte « documentaires » s’intègrent sans peine au récit comme les suivantes égrenées au long du parcours du bus de Mireille de son magasin (où elle a eu un malaise), au domicile officiellement conjugual : « Prendre le bus à cette heure de la journée était devenu une calamité. Tout était contre moi, me retenait le plus longtemps possible loin de chez moi. On entendait des claquements de cymbales. Une parade à la con qui foutait le bordel en plein centre-ville (…) Quand le bus est arrivé, j’ai dépassé la grosse. J’avais peur qu’elle me tombe dessus. Il y avait une autre femme. Avec des lunettes sales. Elle s’était assise en face de moi, les jambes pliées sur le côté pour ne pas toucher mes genoux, qui avaient tous les droits parce qu’ils étaient là les premiers (…) Les bruits de cymbales et de caisse claire étaient de plus en plus forts, inaudibles. Le bus ralentissait, les voitures ralentissaient, toute la circulation ralentissait (…) Le bus avait redémarré, dévié par un gendarme fluorescent qui laissait le passage à la fanfare. Les montants métalliques du bus vibraient à certaines fréquences et j’entendais la musique dans mes organes. Le défilé avançait comme une larve. Le cortège n’était même pas beau, mais le temps ne les décourageait pas. Derrière eux, les familles bravaient le temps et la pluie. Ils marchaient, fiers, dans le plus grand sérieux, surveillant leur progéniture. (…) Ce soir-là, je savais que je m’allongerais à côté de Blaise, que je repousserais son corps avec violence et mépris pour le faire changer de position à cause de ses ronflements. Que je serais obligée d’allumer la lumière et de lire un peu. Et que de temps en temps , je le regarderais en me demandant de quoi il était encore capable de rêver. » (pp.245-248) Et puis cette note métaphysique si l’on veut : « Et je me disais que si j’étais morte, je serais libre. Libre, comme je l’étais avant d’être née. » Que l’on retrouve aussi quand Blaise songe à se suicider après une nuit de beuverie au sortir du café en cheminant dans la saleté : « Il contourne un dépotoir clandestin, découvre avec des yeux ronds d’épouvante un décor macabre. Des matelas éventrés, des machines à laver rouillées, des landaus désossés, un cadavre de chat sucé par de petites charognes volantes. A la branche d’un arbre desséché par une colonie de champigons blancs pendent les restes d’un chien dans un sac en plastique Casino. Mon épicier est un type formidable (…) Mourir sur le coup. Il pourrait se suicider s’il faisait un effort. La pendaison, la noyade, l’empoisennement, la voie ferrée. Il est trop lâche. L’idée de voir défiler en quelques secondes une vie en lambeaux le retient. » (p. 186)
Un dénouement atroce
Le dénouement a quelque chose lui aussi de fantastique, d’atroce et d’un peu irréel. Quand Mireille rentre à la maison par le bus où nous l’avons laissée avec ses spéculations métaphysiques, elle trouve Bernard, fort inquiet. Persuadé que Blaise a commis une grosse « connerie », il accompagne Mireille à la recherche de son homme. Ils retrouvent sa voiture. Le suivent avec difficulté jusqu’à l’endroit qu’ils ne savent pas encore être celui de la séquestration de l’enfant. Se cachent et l’observent. Mais ici le récit se coupe. Parce que, comme tout au long de ce roman de 69 chapitres ou séquences, chacune de ces séquences, chacun de ces chapitres, parfois très brefs, est le fait d’un des deux narrateurs : soit Mireille, soit Blaise. Le récit coupé au n° 67 est celui de Mireille. Blaise reprend au 68. Mireille lui fait un poulet avec des pommes rissolées : « Le bonheur dans ce qu’il a d’idiot, parce qu’on a faim et que le repas sera bon. Alors des patates rissolées ? Yes ! » ( p.279) Au dernier n°, le 69, Mireille, redevenue narratrice, rappelle l’histoire du chaton, se dit qu’elle doit à nouveau forger un autre mensonge pour elle, pour les enfants, pour Blaise. Au numéro 69 donc, elle nous explique en effet qu’elle a découvert l’enfant avec Bernard, décidé à appeler la police et qu’elle a tué son amant en l’attaquant au bas-ventre avec le même couteau avec lequel, rentrée à la maison, elle découpe le gâteau qui sert de dessert pour le repas du poulet aux pommes rissolées. Elle regarde son mari s’endormir sans angoisse apparente, se demandant comment rien de celle-ci ne transparaisse en lui.
Pas de hasard
A quelques mois de distance un Liégeois et une Carolo donnent donc une réponse à la manière dont on stigmatise leur ville : notamment l’ « horrible » Charleroi comme je l’ai récemment entendu dire dans des milieux huppés qui ne sont sans doute huppés que parce que leurs ancêtres ont été parmi ceux qui ont tiré de Charleroi « l’abondance noire » dont parle Isabelle Garna.
Je ne dis pas qu’Ancion et Garna l’ont voulu. Ils ne se sont certes pas non plus concertés. Mais nous lisons leur livre à quelques mois de distance. Nous lisons leur livre dans une Wallonie qui est ce qu’ils en disent magnifiquement. On pourrait me rétorquer que les images qu’ils véhiculent – Isabelle Garna surtout – sont celles à travers lesquelles on tente de nous enfoncer encore un peu plus. Ou qui sont exhibées par des gens qui n’en ont rien à faire et qui véhiculent les clichés qui font leur bonheur, car ils n’en sont pas. Mais, indépendamment du fait que Niciolas Ancion et Isabelle Garna « en sont », ils en sont «en profondeur », sans tourner autour du pot et en développant un discours littéraire si puissamment élevé au-dessus des clichés qu’il force le respect qu’inspire la beauté inquiétante et dérangeante de leur littérature. Il fallait dire beaucoup de bien aussi de l’essai journalistique du Flamand Pascal Verbeken, dont j’avancerais qu’il « en est » aussi à cause de cette qualité chez lui de vivre vraiment avec les choses et les êtres, au-delà des préjugés, mais aussi des analyses, ce que permet encore mieux la fiction. En quelques mois sont donc apparus trois géographes de la si difficile âme wallonne, du corps si bouleversé du pays wallon : un « généraliste » (Verbeken), et deux « spécialistes », chacun de ces derniers, des deux grandes villes d’un pays, malgré tout, plus vivant que jamais. Parce que des écrivains y naissent qui ne trichent pas, renvoyant à des cinéastes qui ne trichent pas non plus.
Et rabaissent le caquet d’un certain poujadisme de salon bien belge.
Voilà trois écritures qu’on ne découvrira pas de sitôt dans une décharge sauvage où pourrissent déjà tant de papiers glacés sur la Wallonie-qui-gagne. Le petit garçon de Mireille « a vu des choses intéressantes à la la télé, qu’il a déjà intégrées dans son univers. Tout un scénario qui fait bouillir son imagination. Il y pense tout le temps à Spider Man. Il y pense tellement qu’il l’idéalise et quand il le sorira de son emballage, il sera déçu. » (p.94).
Ce qui gagne, c’est ce qui est vrai. Vrai par exemple de la vérité de cette écriture qui n’existe que si peu en français. Malraux a dit d’un de ses héros de La condition humaine: Il n’était pas belge, il était misérable. Le peuple dont parle Isabelle Garna n’est pas seulement misérable, il est de quelque part, il est quelqu’un. Grâce à une merveilleuse romancière qui n’écrit pas sur papier glacé.
José Fontaine